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Isabelle Mimouni poursuit son travail sur Polytropiques

lundi 26 novembre 2018

compte rendu 21 novembre

Compte-rendu de l’atelier d’écriture
Séance du 21/11/18
Juliette
Arrivée de Prosper Goubaux au lycée Louis Le Grand. 
S’inspirer de l’épisode similaire avec Charles Bovary dans le roman de Flaubert.
1èrejournée difficile, professeur de latin qui ne facilite pas l’intégration. 
Bizutage : jeux de mots sur le prénom de Prosper ? Trait d’esprit de Goubaux qui retourne la situation ? (≠ C. Bovary passif)
1802 : c’est le ministre de l’intérieur Chaptal qui a donné au lycée son titre de « lycée de Paris » établissement d’un lien Chaptal/Goubaux. 
Prosper Goubaux aurait été élève à Louis Le Grand à la même période qu’Eugène Delacroix : possibilité de les faire se rencontrer, mise en place du lien entre les deux personnages. 
Quel point de vue adopter : celui de Prosper ? D’un élève extérieur pour avoir un avis positif ? 
Le mieux semble d’adopter le point de vue de Delacroix. Possibilité de ménager un effet de suspense en ne révélant le nom du narrateur qu’au dernier moment. La focalisation interne permettrait de révéler le regard du peintre (attention portée aux couleurs, au mouvement,…)

Lola 
Apprentissage de la lecture à partir des enseignes parisiennes. 
Pour avoir une description de la ville de Paris au XIXème siècle, rechercher dans les romans de Balzac donnés à lire : Le Père GoriotGobseckIllusions perdues, La maison du Chat-qui-pelote(notamment la partie II),… Se renseigner également à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (BHVP). 
Dans le trajet de Prosper, possibilité d’introduire un symbolisme dans les enseignes qu’il rencontre. Le parcours dresse une fresque prémonitoire de sa vie. 
Différentes enseignes possibles :
-       Corne d’abondance (symbolique du prénom Prosper, de tout ce que la vie promet à cet enfant)
-       Crabe (symbolise le cancer qui causera sa mort)
-       Enseigne de médecin
-       Enseigne de couturière
-       Enseigne des magasins d’instruments scientifiques parisiens évoqués dans La recherche de l’absolu (alchimiste)
-       Enseigne de libraire
-       Illustration de fables de La Fontaine (symbolique de la pédagogie) notamment « L’éducation » (VIII, 24), qui pourrait être représentée par deux chiens et le prénom Laridon 
-       Enseigne de forgeron avec « c’est en forgeant qu’on devient forgeron » 
Prosper peut également passer devant autre chose que des enseignes :
-       Un mont-de-piété (établissement de prêt sur gage) qui symboliserait ses futures dettes
-       Une école (avec éventuellement pas de nom sur la devanture : c’est quelque chose auquel Prosper ne peut pas accéder)
-       Un théâtre avec une affiche de programme 

Arthur
Travail sur la rénovation de Paris, le déménagement et la construction du nouveau lycée Chaptal, l’architecture du lycée
La rue qui a vu naître Prosper Goubaux a disparu lors de la rénovation haussmannienne grâce à laquelle le lycée Chaptal tel qu’on le connaît a été construit.
Nécessité de consulter les archives du lycée sur les différents déménagements, les plans du lycée, etc.  

Valentine
Enfance malheureuse de Prosper, pauvreté et violence du beau-père
Pas de protection juridique de l’enfant jusqu’au XXème siècle
S’inspirer des Misérablesoù Cosette se fait frapper
Ouvrage d’Ivan Jablonka, Laëtitia : relate l’histoire vraie d’une enfant qui subit des violences sexuelles et morales
Pour ne pas tomber dans le pathos, s’inspirer deL’Enfantde Jules Vallès : l’humour permet de mettre à distance la violence tout en la disant
Lien possible avec le travail de Lola sur l’apprentissage de la lecture : Prosper se fait frapper donc il fuit dans Paris pour lire les enseignes ? 

Flavie
Interview contemporaine de la conservatrice du musée Delacroix sur le portrait de Richard de la Hautière
Début de l’enquête dans notre monde actuel.
Commencer à partir du tableau de Delacroix permettrait de construire un fil conducteur avec Delacroix qui revient régulièrement dans les différents travaux sur Goubaux

Albane
Epilogue : l’oubli de Prosper Goubaux 
On sort du roman par les yeux d’Albane en tant qu’élève du lycée Chaptal aujourd’hui. 
Partir de l’expérience vécue de son arrivée au lycée le jour de la rentrée et de la mauvaise prononciation du nom de Prosper Goubaux. 
Interview d’élèves et de la communauté scolaire du lycée Chaptal (éventuellement des passants sur la place Prosper-Goubaux) pour mettre en lumière l’oubli dont pâtit Goubaux. 
Pendant de l’ouverture de l’enquête par Flavie.
Permet un fil conducteur, un « pont » entre le début et la fin : on commence par l’interview de la conservatrice du musée, on finit par l’interview des élèves et professeurs du lycée. On part du célèbre Delacroix pour finir sur l’oublié Goubaux. 
Éventuellementun bilan de l’enquête sur Goubaux qui prend fin : qu’en a-t-elle retiré ? Le biographe en apprend autant sur le personnage que sur lui-même. 
Capucine
La main tendue de Goubaux vers Monjean (le fils du concierge) dans lequel il se projette
Cela permettrait un écho avec l'enfance de Goubaux
Voir La Reproduction de Bourdieu pour le rapport entre l'enfant et le père, et l’idée que le rapport d’éducation passe par la reproduction.



lundi 19 novembre 2018

Compte rendu du 14 nov 2018

ATELIER D'ÉCRITURE : Compte rendu du 14 nov 2018

La séance est consacrée à réfléchir sur les projets d’écriture de chacun.

EMMA : 

Une fête après la 1ère d'une Femme Malheureuse (lien potentiel avec le mariage mystérieux de Goubaux)
Didascalies: voix de Goubaux, les utiliser pour les glisser dans les dialogues ?
Intégration des acteurs célèbres comme Frédérick Lemaître. 
Evocation des réactions du public, des ratés, des scènes polémiques dans les discussions.
-voir la distribution des rôles.

AGNÈS :

Rencontre de Goubaux avec Richard de Lahautière après des années
Relation Maître/Élève déséquilibrée 

Préciser les circonstances de la rencontre:
-Au théâtre ? Dans un lieu politique ? Chaptal ? Salon de Peinture (lien avec Delacroix, voir Les Salons de Peinture deBaudelaire) ? Société secrète ?
-Avant 1848 ? Pendant ? Après ?

Confrontation de deux visions politiques ? 

SELMA :

Réflexion sur les pseudonymes, (Beudin+Goubaux= Dinaux)
Beudin était banquier, --> rapport à l'argent
Conversation sur l'élaboration du pseudo, modestie de Goubaux ?
Rapport de force ?PG scribe de Beudin ?

AUDREY :

Portrait de Richard de La Hautière  au moment de la pose, triangulation du regard.

Delacroix regarde RDLH: perce les apparences, 
Goubaux regarde RDLH: fierté, autorité, investissement, l'image que renvoie son élève
Goubaux regarde le tableau: La technique, moment d'histoire de la peinture (paysage anglais) regard du connaisseur
Goubaux regarde Delacroix: réflexion sur l'amitié 

CHLOÉ :

Scène du discours ou Goubaux congédie une partie de ses élèves
Point de vue  de l'élève ? ou d'un autre prof. ? réflexion pédagogique ?





MARIE B. :

1827
Scène de répétition de 30 ans ou la Vie d'un Joueur
Théâtre de La Porte St Martin, Théâtre Dejazet à visiter
Introduit le romantisme ?

INÈS :

Mort de Prosper Goubaux, description du cancer de l'estomac
Solitude ? 2 médecins l'examinant, l'un moins experimenté qui apprend, Goubaux devient un outil pédagogique.


ROMAIN 

Scène de pose pour la sculpture du buste de Goubaux en 1857
Introspection sur la vie de Goubaux, retour sur son parcours, métaphore de l'argile sculpté--> Mythe de Pygmalion, transformer le matériau brut en une forme--> Pédagogie

LOU :

Latréaumont(Goubaux)/Lautréamont
Qui était Lautréamont ? le 1er surréaliste, dimension onirique qui frise le cauchemar
La pièce a été oubliée, de même que Lautréamont par les élèves, réflexion sur l'oubli
Rêve sur la conception de la pièce, 
Sorte de « parenthèse » par rapport à la dimension plutôt réaliste de l’ensemble du travail.

dimanche 14 octobre 2018

Pistes pour des scènes de la vie romanesque de Prosper Goubaux

                                    Compte-rendu de l’atelier lecture du 10/10

Approfondissement des scènes au potentiel romanesque
-       Scène de la mort de Prosper Goubaux : plusieurs types d’écriture possibles :
Qui provoque un sentiment d’horreur – inspiration : mort de Gervaise, dans L’Assommoir, Zola. Gervaise meurt dans une niche sous l’escalier, métaphore de l’ascenseur social, extrême solitude
Pathétique : inspiration : la mort de Jean Valjean, dans Les misérablesde Victor Hugo. Le lien père-fille transparaît, éléments greffés avec la mort de Léopoldine (fille de Victor Hugo), Jean Valjean est représenté en véritable saint, côté sublime de la mort – apothéose                                                                                             Autre inspiration : la mort de Charles, dans Madame Bovary, Flaubert. Pourquoi ne pas creuser la relation amoureuse de Prosper ? Mort d’amour ?
Mort sous le regard d’un enfant : inspiration : La vie devant soi, Romain Gary. Regard de l’enfant face à la mort de madame Rosa
Regard de l’enfant intéressant : innocence
                                                                        Simplicité
                                                                        Imagination qui prolonge le réel
                                                                        Confiance complète 
Mort réaliste : Madame Bovary, Flaubert. Etant le fils d’un médecin, il décrit une mort clinique et médicale. Intérêt avec la mort de Prosper ? – intéressé par la science, cancer donc potentiel de description. Recherches à faire. 
-       Arrivée à Louis Le Grand : 
-1èremarche de l’ascenseur social
-Gouffre
-Scène de contraste
-Scène de bizutage (différence) – humiliation. Existe encore aujourd’hui, lien avec Chaptal, qui fait entrer des élèves aux Arts et Métiers, connus pour ses bizutages excessifs. Scène qui pourrait être vue par un camarade de classe qui deviendra connu (recherches à faire) – parallèle avec Charles Bovary (en plus, émotion chez le lecteur) Point de vue de Prosper? Ou d’un autre élève ?
-Fascination à l’arrivée dans la classe, à travers les yeux de Prosper. Jeux de regards. 
Pour cette scène, recherches à faire sur les élèves à la même époque, le décor, des professeurs, les pratiques d’éducation (réalisme, un repère par rapport à la pédagogie future de Prosper), sur les habits… 
-       Apprentissage de la lecture :
Promenade dans Paris. Piste des enseignes, qui révèlent un univers : exemple de La maison du chat qui pelote, Balzac                                                                                                                                                 Jeter un coup d’œil aux plans de Paris (bibliothèque historique de la ville de Paris, musée Carnavalet). Possibilité d’une promenade avec un double point de vue, actuel et du temps de Prosper : inspiration : Modiano, Dora Bruder.
Débats sur la lecture : sujet stimulant encore aujourd’hui, enjeux des deux méthodes (syllabique, globale). Réflexion sur l’innovation pédagogique en lecture. 
-       Engagement politique(ambigu) :
Recherches à mener (courant historique, piste des correspondances, choix pédagogiques qui laissent entendre un bord politique : aspects novateurs mais qui favorisent la bourgeoisie parisienne, invention du mur de la gloire, où les meilleurs élèves sont peints par Delacroix). Côté capitaliste du personnage. Exemple de Richard Lahautière (portrait peint en 1828). Possibilité que le milieu de Chaptal l’ait fait évoluer dans sa conception de la société : est devenu socialiste. 
-       Scène pédagogique :
Peut s’opposer à une enfance difficile (Surveiller et punir, Foucault). Violence au cœur de l’éducation du XIXème siècle. Châtiments corporels ? Ou vision nouvelle de l’éducation ? 
-       Rencontre avec le fils du concierge(à cadrer avec la description du lieu) :
 2 Regards sur Chaptal vis-à-vis du lieu qu’occupe le concierge. Entrée actuelle dans Chaptal avec vue des barreaux, mais aussi en tournant la tête monument aux morts qui projette dans un temps plus lointain. 
-       Scène de fête :
Diverses occasions de fête : obtention de la Légion d’honneur, fête de départ (occasion d’un retour en arrière sur la carrière de Prosper), réunion des fonds (Laffite), début de l’institution, dernière d’une pièce (acteur Talma)
-       Scène basée sur la personnalité littéraire de Prosper

Propositions de versions du début du livre
-       Commencer par la mort de Prosper (inspiration : La mort d’Ivan Ilitch, Tolstoï)
-       Partir de l’entrée de Chaptal/la salle Prosper-Goubaux
-       Nous allons vous raconter…
-       Commencer sur une scène très violente

Compléments : 
Projet autour de Lautréamont, lecture de Latréaumont, réflexion sur une conspiration.

Projet autour du buste de Goubaux réalisé en 1857 (contraste entre le projet d’éternité que représente le buste et le début du déclin de Goubaux)

dimanche 30 septembre 2018

Atelier 2018-2019 lancement

L'atelier se remet au travail en cette année 2018-2019 !

L'année sera consacrée à la vie passionnante et hautement romanesque du fondateur du lycée Chaptal, Prosper Parfait Goubaux.

La première séance a eu pour vocation de lire et analyser 3 notices biographiques (voir ci-dessous) pour dégager leur potentiel romanesque. 
On voit ainsi surgir des pistes de scènes ou d'anecdotes à rédiger.
Chaque élève choisira la piste qu'il compte développer.

Atelier d’écriture - Compte-rendu
- Prosper Parfait Goubaux - 
      26 Septembre 2018

=>  Lecture de trois notices biographiques.

     On peut observer une structure pyramidale de sa vie.
           Montée: ascenseur social ; puis descente due à la maladie et aux dettes.

=> Les dettes sont un élément romanesque (exemple: La Parure, de Maupassant).
Un jeu métaphorique est possible entre la dette et la maladie : analogie entre l’épuisement par la dette et l’épuisement par la maladie.
On observe un destin subi, thème de tragédie.

Biographie: Sa vie a été composée de moments incontournables, rappelant les poncifs du roman initiatique:
Naissance, entrée à l’école, mort du père/mère, première rencontre amoureuse, mariage, consécration, désillusion (désillusion dans la quête de succès politique, financier, littéraire, amoureux par exemple), départ/retour de voyage…

On peut relever dans ces biographies de Goubaux:

     L’enfance malheureuse; marquée par la punition corporelle.
=> Le beau-père; rappelle les contes de fée, rôle du “pâratre”.
Pourrait éventuellement donner lieu à une scène de violence physique (“peu humain”, “dureté”)

=> Scène de description du monde des petits ouvriers parisiens

=> L’apprentissage de la lecture.
Apprend tard; plusieurs versions de l’histoire de son apprentissage atypique. Selon l’une il apprend à lire en lisant des enseignes ;
Potentialité d’une promenade à Paris en quête d’enseignes; le musée du Carnavalet expose diverses enseignes (http://www.carnavalet.paris.fr/fr/collections/enseignes) qui pourraient servir à des descriptions. (également possible de s’inspirer de celles décrites par Balzac dans Les comédiens sans le savoir)

     L’adolescence;
=> Scène possible à Louis le Grand. Décalage entre le milieu ouvrier (Goubaux) et les autres élèves. On peut imaginer une scène de bizutage.
Cf : Arrivée de Charles dans la classe,  dans Madame Bovary.
Décalage dû aux vêtements, etc.
=> Imaginer le lien entre Goubaux et un grand écrivain ayant fréquenté Louis le Grand à la même époque.

=> On ne sait rien de sa femme; laisse donc place à l’imagination. On peut supposer que c’est une anonyme.
Marié très jeune= signe des milieux populaires, grande pauvreté.
Marié à 19 ans; père à 20 ans. Le mariage s’est-il fait parce que la femme attendait déjà un enfant? => Potentiel romanesque.
On peut voir ce mariage comme dû à un grand amour (donc scène mariage, description femme), ou comme une façon d’évacuer le milieu familial (et en particulier le beau-père haï).


     Engagement politique:
Plusieurs notations laissent deviner un engagement fort, peut-être révolutionnaire. Quel moment serait le plus propice pour une scène sur le sujet? 1830? 1848?
=> Scène de barricades (Cf Gavroche dans Les Misérables, ou 1848 dans L’Education sentimentale).
=> Scène de grand discours révolutionnaire, en s’inspirant par exemple des discours de Danton ou de Mirabeau.
=> Scène d’écriture d’un article, avec débat entre journalistes.
=> Appartenance éventuelle à des sociétés secrètes (qui foisonnent au 19ème siècle)

     Les pseudonymes
Pourquoi?
-      Peur/censure
-      Préserver un mystère
-      Triple identité: dramaturge/pédagogue/révolutionnaire.
Dualité des milieux sociaux; on sent un homme pouvant être tiraillé par ses contradictions.

     Potentiel de son institution
=> Romanesque, parce que précurseur de Chaptal
=> Potentiel grandiose, scène symbolique: scène dans laquelle Goubaux congédie les élèves, départ des élèves refusant le projet.
=> Scène de description architecturale
=> Changement de nom du collège en 1848.
Scène faisant intervenir Delacroix qui peindrait les portraits d’élèves.

     Mise en abîme possible, avec effet d'ascenseur social : 
=> Monjean, le successeur brillant qu’il s’est choisi (ancien concierge). 

     Importance du “Latréaumont”.
 => Lautréamont, figure légendaire de la Littérature, qui s’est choisi ce nom d’après la pière que Goubaux a co-écrite. Ainsi, si Goubaux est tombé dans l’oubli, une partie de son travail se cache derrière une immense figure qui a marqué le surréalisme.

     Epilogue
Un épilogue serait intéressant parce que permettrait de réfléchir sur lui même (scène sur lit de mort, retour sur sa vie).
Importance de son nom: Prosper (“prospère”) Parfait. 
A-t-il été prospère, a-t-il été parfait?
Permettrait aussi de s’interroger sur les raisons de son oubli.



     Des conversations à haut potentiel:
- Convainc le banquier Jacques Laffitte de financer son projet.
- Discussion avec Delacroix (qui peindra les élèves)
- Discussion avec Dumas
- Avec tous ses co-auteurs
- Scène du père parlant de pédagogie à son fils (anti-réécriture de Pantagruel et Gargantua; avis opposés concernant l’éducation, notamment sur le latin étant donné les projets de Goubaux sur la modernité pédagogique)


Notice du Grand Larousse universel du XIXème siècle, t. 8, 1875


GOUBAUX (Prosper-Parfait), auteur dramatique français, né à Paris le 10 juin 1795, mort dans la même ville en août 1859. Né pauvre et placé sous la direction d’un beau-père peu humain, il apprit à lire, à l’âge de douze ans,
en épelant les enseignes qu’il rencontrait sur son passage. Entré au lycée Louis-le-Grand, il y termina ses études, et, déjà marié, en 1814, prit part à, la défense de Paris. Après avoir été répétiteur de grec et de latin à l’institution
Sainte-Barbe, il fonda, en 1820, avec M. de Delauneau père, une maison d’éducation dont les commencements furent des plus pénibles, par suite des tracasseries administratives.
Il prit part aux luttes politiques des dernières années de la Restauration, et fit partie des diverses sociétés de l’époque. Après juillet 1830, il transféra son établissement dans la circonscription du collège Bourbon,
et y réunit celui de M. de la Chauvinière.
Ce fut M. Laffitte qui lui avança les premiers fonds nécessaires à l’installation de cette maison, où ont passé nombre d’hommes célèbres ou distingués en tous les genres, et qu’il vendit à la ville de Paris, en 1846, au moment de son plus grand succès. La ville en fit le collège Chaptal, d’abord nommé collège de François Ier, et y maintint Goubaux pour directeur. On cite, parmi les maîtres d’étude que cet établissement compta pendant sa première période : MM. Alphonse Karr, Belmontet, Michel (de Bourges), l’acteur Guyon, Saudras, etc. Goubaux avait débuté dans les lettres par des ''Esquisses de mœurs françaises''(1822, in-8°), et donné ensuite une traduction estimée d’Horace (1827, 2 vol. in-8°). Le théâtre lui doit un certain nombre de pièces romantiques signées ''Dinaux'', pseudonyme composé de la syllabe finale de son nom et de celui de son premier collaborateur, M. Beudin ; plus tard, M. Beudin s’étant tourné vers la politique et la finance, Goubaux conserva seul ce pseudonyme déjà connu à divers titres, mais principalement par deux drames, dont le premier a fourni un de ses plus beaux rôles à Frédérick-Lemaître : Trente ans ou la Vie d’un joueur, à la Porte-Saint-Martin (1857), et Richard d’Arlington(1832). Victor Ducange avait retouché et signé Trente ans; Alexandre Dumas, père avait fuit de même pour la seconde pièce. Parmi les ouvrages, d’ailleurs fort nombreux, dus à Goubaux ou auxquels il a seulement collaboré, nous distinguerons :
Clarisse Harlowe(1832) ; L’Abbaye de Castro(1840) ; La Dot de Suzette(1842) ; Les Mystères de Paris(1844). Il a donné au Théâtre-Français, avec M. Legouvé, Louise de Lignerolles(1838), un des derniers beaux rôles de
Melle Mars, et, avec Eugène Sue, Latréaumont(1840), et La Prétendante(1841). Goubaux a écrit, en outre, dans plusieurs journaux, entre autres dans le Courrier français, des feuilletons signés ''Pierre Aubry.'' Il était, depuis 1843, chevalier de la Légion d’honneur, lorsqu’il a succombé à une terrible maladie, un cancer de l’estomac, et il est mort littéralement de faim.


Notice de l’INRP :
 http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2816
Goubaux
 Prosper Goubaux, né à Paris le 22 prairial an III (10 juin 1795), est mort à Paris le 31 juillet 1859. 
« Goubaux — écrivait son ami Ernest Legouvé en 1886 — eut deux professions si opposées qu'elles semblent s'exclure, et il se montra aussi éminent dans toutes deux que s'il n'en eût exercé qu'une seule. Il fut auteur dramatique et instituteur. Comme auteur dramatique, il appartient à la race d'élite des créateurs. Comme instituteur, il a sa place parmi les bienfaiteurs publics : la France lui doit une forme nouvelle d'éducation. Or, de cette double existence si féconde, que reste-t-il ? Pas même un nom. A peine un souvenir. Ses drames sont signés d'un pseudonyme où ne figure que la dernière syllabe de son nom (Dinaux). Son oeuvre d'éducation porte un autre nom que le sien. Il aurait dû être deux fois célèbre: il est inconnu. » 
La mère de Goubaux tenait une petite boutique de mercerie dans la rue du Rempart, détruite aujourd'hui. Son enfance fut rendue malheureuse par la dureté d'un beau-père. A neuf ans, il savait à peine ses lettres ; mais sa mère ayant eu l'heureuse idée de lui lire le début d'un conte, l'enfant apprit à lire en onze jours pour connaître le reste. Reçu comme élève boursier au lycée Louis-le-Grand, il lit de brillantes études, puis devint répétiteur de grec et de latin à l'école Sainte-Barbe. A dix-neuf ans, il était marié ; à vingt ans, il était père. En 1820, il fonda, avec un associé, l’institution Saint-Victor, dont les commencements, entravés par les tracasseries de l'administration, furent des plus pénibles ; en outre, par la disparition de son associé, Goubaux, sans aucune fortune, se trouva dès le début chargé d'une dette considérable, dont il traîna toute sa vie le fardeau ; forcé de recourir aux usuriers pour faire face aux échéances menaçantes de l'amortissement, il connut des heures d'angoisse terribles ; « quand il mourut, il était à peine libéré de la veille » (Legouvé). Tout en dirigeant son institution, où il eu, parmi ses sous-maîtres, Alphonse Karr et Michel (de Bourges), il s'occupait de politique anti-gouvernementale : il joua un rôle actif dans les luttes des dernières années de la Restauration, et collabora au principal organe de l'opposition, le Courrier français. En même temps, autour dramatique, il donnait, * en collaboration avec Beudin et Victor Ducange, le célèbre mélodrame Trente ans ou la Vie d'un joueur (1827): et, latiniste délicat — lui qui devait créer en France 1' « enseignement français », — il publiait une traduction d'Horace qui fut remarquée (1827, 2 vol.). 
Après la révolution de 1830, Goubaux transféra son institution dans la circonscription du collège Bourbon (ancien lycée Bonaparte, aujourd'hui Condorcet). dont ses élèves suivirent les classes, et y réunit l'institution de la Chauvinière. Une idée hantait depuis longtemps l'éducateur intelligent qu'était Goubaux : il rêvait la création, à côté de l'ancien enseignement universitaire, d'un enseignement plus pratique, plus moderne, analogue à celui de la Realschule allemande ; en 1837, il résolut de transformer son institution pour y réaliser son plan de réforme. 
« Goubaux — raconte Ernest Legouvé — avait sur l'éducation des idées très acceptées aujourd'hui, grâce à son initiative, mais bien nouvelles et bien hardies quand il osa les formuler pour la première fois. Ce qui le frappait avant tout, c'était le désaccord entre l’enseignement de l'Etat et l'esprit de la société moderne. D'un côté, il voyait le monde tendre de plus en plus vers l'industrie, le commercé, l'agriculture, les sciences appliquées ; il entendait beaucoup de pères désirer pour leurs enfants une profession industrielle et réclamer à cet effet des études spéciales ; et, en même temps, il remarquait que l'éducation universitaire ne répondait en rien à ce besoin : la littérature en était le seul objet ; il n'y avait pas d'enseignement professionnel. Cette lacune tourmentait Coubaux ; il sentait là depuis longtemps une création à faire ; mais comment y parvenir? Tout lui était obstacle ; d'abord son institution même : ses élèves suivaient les cours du collège [Bourbon] ; comment introduire l'éducation nouvelle dans son établissement sans le détruire?. Puis l'Université ne s'élèverait elle pas contre cette innovation? le ministère de l'instruction publique la permettrait-il? Ni Jules Simon, ni Victor Duruy n'étaient ministres alors, et Villemain m'avait dit à moi : Un collège français en France, jamais! » 
Après avoir longtemps hésité, Goubaux prit un parti héroïque : il congédia ceux des élèves de sa pension — un peu plus de la moitié — qui suivaient les cours du collège, et resta avec les quelques adeptes de la nouvelle méthode. Bientôt des familles gagnées à ses idées lui envoyèrent leurs fils, et l'institution, avec son programme d'enseignement moderne, prit un nouvel essor. La Ville de Paris, qui en 1839 avait fondé une école d'enseignement primaire supérieur (l'école Torgot), s'intéressa à la tentative de Goubaux : après lui avoir d'abord accordé son patronage, elle adopta son institution, qui reçut le nom d'école municipale François Ier (1844) ; Goubaux fut conservé comme directeur de rétablissement, où l'enseignement primaire supérieur s'associa à un enseignement secondaire français. 
Goubaux, cependant, avait continué simultanément sa carrière d'auteur dramatique. Après 1830, il donna entre autres, en collaboration avec Alexandre Dumas, Richard Darlington (1832) ; en collaboration avec Ernest Legouvé, Louise de Lignerolles (1838) ; en collaboration avec Eugène Sue, les Mystères de Paris (1844). 
Lorsque la révolution de Février eut renversé la monarchie, on débaptisa l'école dirigée par Goubaux, qui portait le nom d'un roi, et on lui donna celui d'un ministre du premier consul : l'école François Ier devint le collège Chaptal (1848). L'établissement ne cessa pas, dans les années suivantes, de prospérer et de prendre des développements nouveaux. Le directeur s'associa, comme préfet des études, un de ses anciens élèves, dont le père avait été concierge de l'institution Saint-Victor, et à qui Goubaux, frappé de son intelligence, avait fait suivre les classes de l'institution : ce fut cet ancien élève, M. Monjean, qui suppléa Goubaux lorsque celui-ci, atteint du mal qui devait l'emporter, un cancer de l'estomac, fut obligé de ralentir son activité et ce fut lui qui, après la mort du fondateur, en 1859, le remplaça comme directeur. 












Notice de Wikipédia

Fils d’une mercière de la rue du Rempart1, et placé sous la direction d’un beau-père peu humain, Goubaux n’apprit à lire qu’à douze ans, en épelant les enseignes qu’il rencontrait sur son passage2. Entré ensuite au lycée Louis-le-Grand, il y termina ses études et, déjà marié à dix-neuf ans et père à vingt ans1, prit part, en 1814, à la défense de Paris2. Après avoir été répétiteur de grec et de latin à l’institution Sainte-Barbe, il fonda, en 1820, avec Delauneau père, une maison d’éducation dont les commencements furent des plus pénibles, par suite des tracasseries administratives2.
Il prit part aux luttes politiques des dernières années de la Restauration, et fit partie des diverses sociétés de l’époque2. Après juillet 1830 il transféra son établissement dans la circonscription du collège Bourbon, et y réunit celui de La Chauvinière2. Jacques Laffitte lui avança les premiers fonds nécessaires à l’installation de cette maison, où ont passé nombre d’hommes célèbres ou distingués en tous les genres, et qu’il vendit à la ville de Paris, en 1846, au moment de son plus grand succès2. D’abord nommé collège de François Ier, la ville lui donna, en 1848, le nom de Chaptal3, sans que ce dernier ait jamais été pour quoi que ce soit dans cet établissement, et y maintint Goubaux pour directeur2.
On cite, parmi les maitres d’étude du « collège Chaptal », qui compta pendant sa première période Alphonse Karr, Belmontet, Michel de Bourges, l’acteur Guyon, Sandras, etc2. Delacroix, qu’il connaissait depuis les années scolaires, a peint, entre 1824 et 1834, une série de portraits d’élèves qui avaient remporté des prix à l’école qu’il avait fondée.
Goubaux a débuté dans les lettres par des Esquisses de mœurs françaises (1822, in-8°), et donné ensuite une traduction estimée d’Horace (1827, 2 vol. in-8°)2. Le théâtre lui doit un certain nombre de pièces romantiques signées « Dinaux », pseudonyme composé de la syllabe finale de son nom et de celui de son premier collaborateur, le banquier Beudin2. Ce dernier s’étant, par la suite, tourné vers la politique et la finance, Goubaux conserva seul ce pseudonyme déjà connu à divers titres, mais principalement par deux drames, dont le premier a fourni un de ses plus beaux rôles à Frédérick Lemaître : Trente ans ou la Vie d’un joueur, joué à la Porte-Saint-Martin en 1857, et Richard d’Arlington, en 18322.
Victor Ducange avait retouché et signé Trente ans ; Alexandre Dupièce2. Parmi les ouvrages, d’ailleurs fort nombreux, dus à Goubaux ou auxquels il a seulement collaboré, on relève Clarisse Harlowe (1832) ; l’Abbaye de Castro (1840) ; la Dot de Suzette (1842) ; les Mystères de Paris (1844)2. Il a donné au Théâtre-Français, avec Ernest Legouvé, Louise de Lignerolles (1838), un des derniers beaux rôles de Mademoiselle Mars, et, avec Eugène Sue, Lautréamont (1840), et la Prétendante (1841)2.
Goubaux a écrit en outre, dans plusieurs journaux, entre autres dans le Courrier français, des feuilletons signés Pierre Auberg2. Il était, depuis 1843, chevalier de la Légion d’honneur, lorsqu’il a succombé à un cancer de l’estomac, qui le condamna à littéralement mourir de faim2.
Il est le grand-père du physicien Alfred Potier.
La place Prosper-Goubaux a reçu son nom en 1907.




Notice du Grand Larousse universel du XIXème siècle, t. 8, 1875


GOUBAUX (Prosper-Parfait), auteur dramatique français, né à Paris le 10 juin 1795, mort dans la même ville en août 1859. Né pauvre et placé sous la direction d’un beau-père peu humain, il apprit à lire, à l’âge de douze ans,
en épelant les enseignes qu’il rencontrait sur son passage. Entré au lycée Louis-le-Grand, il y termina ses études, et, déjà marié, en 1814, prit part à, la défense de Paris. Après avoir été répétiteur de grec et de latin à l’institution
Sainte-Barbe, il fonda, en 1820, avec M. de Delauneau père, une maison d’éducation dont les commencements furent des plus pénibles, par suite des tracasseries administratives.
Il prit part aux luttes politiques des dernières années de la Restauration, et fit partie des diverses sociétés de l’époque. Après juillet 1830, il transféra son établissement dans la circonscription du collège Bourbon,
et y réunit celui de M. de la Chauvinière.
Ce fut M. Laffitte qui lui avança les premiers fonds nécessaires à l’installation de cette maison, où ont passé nombre d’hommes célèbres ou distingués en tous les genres, et qu’il vendit à la ville de Paris, en 1846, au moment de son plus grand succès. La ville en fit le collège Chaptal, d’abord nommé collège de François Ier, et y maintint Goubaux pour directeur. On cite, parmi les maîtres d’étude que cet établissement compta pendant sa première période : MM. Alphonse Karr, Belmontet, Michel (de Bourges), l’acteur Guyon, Saudras, etc. Goubaux avait débuté dans les lettres par des ''Esquisses de mœurs françaises''(1822, in-8°), et donné ensuite une traduction estimée d’Horace (1827, 2 vol. in-8°). Le théâtre lui doit un certain nombre de pièces romantiques signées ''Dinaux'', pseudonyme composé de la syllabe finale de son nom et de celui de son premier collaborateur, M. Beudin ; plus tard, M. Beudin s’étant tourné vers la politique et la finance, Goubaux conserva seul ce pseudonyme déjà connu à divers titres, mais principalement par deux drames, dont le premier a fourni un de ses plus beaux rôles à Frédérick-Lemaître : Trente ans ou la Vie d’un joueur,  à la Porte-Saint-Martin (1857), et Richard d’Arlington(1832). Victor Ducange avait retouché et signé Trente ans; Alexandre Dumas, père avait fuit de même pour la seconde pièce. Parmi les ouvrages, d’ailleurs fort nombreux, dus à Goubaux ou auxquels il a seulement collaboré, nous distinguerons :
Clarisse Harlowe(1832) ; L’Abbaye de Castro(1840) ; La Dot de Suzette(1842) ; Les Mystères de Paris(1844). Il a donné au Théâtre-Français, avec M. Legouvé, Louise de Lignerolles(1838), un des derniers beaux rôles de
Melle Mars, et, avec Eugène Sue, Latréaumont(1840), et La Prétendante(1841). Goubaux a écrit, en outre, dans plusieurs journaux, entre autres dans le Courrier français, des feuilletons signés ''Pierre Aubry.'' Il était, depuis 1843, chevalier de la Légion d’honneur, lorsqu’il a succombé à une terrible maladie, un cancer de l’estomac, et il est mort littéralement de faim.


Notice de l’INRP :
 http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2816
Goubaux
 Prosper Goubaux, né à Paris le 22 prairial an III (10 juin 1795), est mort à Paris le 31 juillet 1859. 
« Goubaux — écrivait son ami Ernest Legouvé en 1886 — eut deux professions si opposées qu'elles semblent s'exclure, et il se montra aussi éminent dans toutes deux que s'il n'en eût exercé qu'une seule. Il fut auteur dramatique et instituteur. Comme auteur dramatique, il appartient à la race d'élite des créateurs. Comme instituteur, il a sa place parmi les bienfaiteurs publics : la France lui doit une forme nouvelle d'éducation. Or, de cette double existence si féconde, que reste-t-il ? Pas même un nom. A peine un souvenir. Ses drames sont signés d'un pseudonyme où ne figure que la dernière syllabe de son nom (Dinaux). Son oeuvre d'éducation porte un autre nom que le sien. Il aurait dû être deux fois célèbre: il est inconnu. » 
La mère de Goubaux tenait une petite boutique de mercerie dans la rue du Rempart, détruite aujourd'hui. Son enfance fut rendue malheureuse par la dureté d'un beau-père. A neuf ans, il savait à peine ses lettres ; mais sa mère ayant eu l'heureuse idée de lui lire le début d'un conte, l'enfant apprit à lire en onze jours pour connaître le reste. Reçu comme élève boursier au lycée Louis-le-Grand, il lit de brillantes études, puis devint répétiteur de grec et de latin à l'école Sainte-Barbe. A dix-neuf ans, il était marié ; à vingt ans, il était père. En 1820, il fonda, avec un associé, l’institution Saint-Victor, dont les commencements, entravés par les tracasseries de l'administration, furent des plus pénibles ; en outre, par la disparition de son associé, Goubaux, sans aucune fortune, se trouva dès le début chargé d'une dette considérable, dont il traîna toute sa vie le fardeau ; forcé de recourir aux usuriers pour faire face aux échéances menaçantes de l'amortissement, il connut des heures d'angoisse terribles ; « quand il mourut, il était à peine libéré de la veille » (Legouvé). Tout en dirigeant son institution, où il eu, parmi ses sous-maîtres, Alphonse Karr et Michel (de Bourges), il s'occupait de politique anti-gouvernementale : il joua un rôle actif dans les luttes des dernières années de la Restauration, et collabora au principal organe de l'opposition, le Courrier français. En même temps, autour dramatique, il donnait, * en collaboration avec Beudin et Victor Ducange, le célèbre mélodrame Trente ans ou la Vie d'un joueur (1827): et, latiniste délicat — lui qui devait créer en France 1' « enseignement français », — il publiait une traduction d'Horace qui fut remarquée (1827, 2 vol.). 
Après la révolution de 1830, Goubaux transféra son institution dans la circonscription du collège Bourbon (ancien lycée Bonaparte, aujourd'hui Condorcet). dont ses élèves suivirent les classes, et y réunit l'institution de la Chauvinière. Une idée hantait depuis longtemps l'éducateur intelligent qu'était Goubaux : il rêvait la création, à côté de l'ancien enseignement universitaire, d'un enseignement plus pratique, plus moderne, analogue à celui de la Realschule allemande ; en 1837, il résolut de transformer son institution pour y réaliser son plan de réforme. 
« Goubaux — raconte Ernest Legouvé — avait sur l'éducation des idées très acceptées aujourd'hui, grâce à son initiative, mais bien nouvelles et bien hardies quand il osa les formuler pour la première fois. Ce qui le frappait avant tout, c'était le désaccord entre l’enseignement de l'Etat et l'esprit de la société moderne. D'un côté, il voyait le monde tendre de plus en plus vers l'industrie, le commercé, l'agriculture, les sciences appliquées ; il entendait beaucoup de pères désirer pour leurs enfants une profession industrielle et réclamer à cet effet des études spéciales ; et, en même temps, il remarquait que l'éducation universitaire ne répondait en rien à ce besoin : la littérature en était le seul objet ; il n'y avait pas d'enseignement professionnel. Cette lacune tourmentait Coubaux ; il sentait là depuis longtemps une création à faire ; mais comment y parvenir? Tout lui était obstacle ; d'abord son institution même : ses élèves suivaient les cours du collège [Bourbon] ; comment introduire l'éducation nouvelle dans son établissement sans le détruire?. Puis l'Université ne s'élèverait elle pas contre cette innovation? le ministère de l'instruction publique la permettrait-il? Ni Jules Simon, ni Victor Duruy n'étaient ministres alors, et Villemain m'avait dit à moi : Un collège français en France, jamais! » 
Après avoir longtemps hésité, Goubaux prit un parti héroïque : il congédia ceux des élèves de sa pension — un peu plus de la moitié — qui suivaient les cours du collège, et resta avec les quelques adeptes de la nouvelle méthode. Bientôt des familles gagnées à ses idées lui envoyèrent leurs fils, et l'institution, avec son programme d'enseignement moderne, prit un nouvel essor. La Ville de Paris, qui en 1839 avait fondé une école d'enseignement primaire supérieur (l'école Torgot), s'intéressa à la tentative de Goubaux : après lui avoir d'abord accordé son patronage, elle adopta son institution, qui reçut le nom d'école municipale François Ier (1844) ; Goubaux fut conservé comme directeur de rétablissement, où l'enseignement primaire supérieur s'associa à un enseignement secondaire français. 
Goubaux, cependant, avait continué simultanément sa carrière d'auteur dramatique. Après 1830, il donna entre autres, en collaboration avec Alexandre Dumas, Richard Darlington (1832) ; en collaboration avec Ernest Legouvé, Louise de Lignerolles (1838) ; en collaboration avec Eugène Sue, les Mystères de Paris (1844). 
Lorsque la révolution de Février eut renversé la monarchie, on débaptisa l'école dirigée par Goubaux, qui portait le nom d'un roi, et on lui donna celui d'un ministre du premier consul : l'école François Ier devint le collège Chaptal (1848). L'établissement ne cessa pas, dans les années suivantes, de prospérer et de prendre des développements nouveaux. Le directeur s'associa, comme préfet des études, un de ses anciens élèves, dont le père avait été concierge de l'institution Saint-Victor, et à qui Goubaux, frappé de son intelligence, avait fait suivre les classes de l'institution : ce fut cet ancien élève, M. Monjean, qui suppléa Goubaux lorsque celui-ci, atteint du mal qui devait l'emporter, un cancer de l'estomac, fut obligé de ralentir son activité et ce fut lui qui, après la mort du fondateur, en 1859, le remplaça comme directeur. 












Notice de Wikipédia

Fils d’une mercière de la rue du Rempart1, et placé sous la direction d’un beau-père peu humain, Goubaux n’apprit à lire qu’à douze ans, en épelant les enseignes qu’il rencontrait sur son passage2. Entré ensuite au lycée Louis-le-Grand, il y termina ses études et, déjà marié à dix-neuf ans et père à vingt ans1, prit part, en 1814, à la défense de Paris2. Après avoir été répétiteur de grec et de latin à l’institution Sainte-Barbe, il fonda, en 1820, avec Delauneau père, une maison d’éducation dont les commencements furent des plus pénibles, par suite des tracasseries administratives2.
Il prit part aux luttes politiques des dernières années de la Restauration, et fit partie des diverses sociétés de l’époque2. Après juillet 1830 il transféra son établissement dans la circonscription du collège Bourbon, et y réunit celui de La Chauvinière2. Jacques Laffitte lui avança les premiers fonds nécessaires à l’installation de cette maison, où ont passé nombre d’hommes célèbres ou distingués en tous les genres, et qu’il vendit à la ville de Paris, en 1846, au moment de son plus grand succès2. D’abord nommé collège de François Ier, la ville lui donna, en 1848, le nom de Chaptal3, sans que ce dernier ait jamais été pour quoi que ce soit dans cet établissement, et y maintint Goubaux pour directeur2.
On cite, parmi les maitres d’étude du « collège Chaptal », qui compta pendant sa première période Alphonse Karr, Belmontet, Michel de Bourges, l’acteur Guyon, Sandras, etc2. Delacroix, qu’il connaissait depuis les années scolaires, a peint, entre 1824 et 1834, une série de portraits d’élèves qui avaient remporté des prix à l’école qu’il avait fondée.
Goubaux a débuté dans les lettres par des Esquisses de mœurs françaises (1822, in-8°), et donné ensuite une traduction estimée d’Horace (1827, 2 vol. in-8°)2. Le théâtre lui doit un certain nombre de pièces romantiques signées « Dinaux », pseudonyme composé de la syllabe finale de son nom et de celui de son premier collaborateur, le banquier Beudin2. Ce dernier s’étant, par la suite, tourné vers la politique et la finance, Goubaux conserva seul ce pseudonyme déjà connu à divers titres, mais principalement par deux drames, dont le premier a fourni un de ses plus beaux rôles à Frédérick Lemaître : Trente ans ou la Vie d’un joueur, joué à la Porte-Saint-Martin en 1857, et Richard d’Arlington, en 18322.
Victor Ducange avait retouché et signé Trente ans ; Alexandre Dupièce2. Parmi les ouvrages, d’ailleurs fort nombreux, dus à Goubaux ou auxquels il a seulement collaboré, on relève Clarisse Harlowe (1832) ; l’Abbaye de Castro (1840) ; la Dot de Suzette (1842) ; les Mystères de Paris (1844)2. Il a donné au Théâtre-Français, avec Ernest Legouvé, Louise de Lignerolles (1838), un des derniers beaux rôles de Mademoiselle Mars, et, avec Eugène Sue, Lautréamont (1840), et la Prétendante (1841)2.
Goubaux a écrit en outre, dans plusieurs journaux, entre autres dans le Courrier français, des feuilletons signés Pierre Auberg2. Il était, depuis 1843, chevalier de la Légion d’honneur, lorsqu’il a succombé à un cancer de l’estomac, qui le condamna à littéralement mourir de faim2.
Il est le grand-père du physicien Alfred Potier.
La place Prosper-Goubaux a reçu son nom en 1907.