Site Polytropiques

Isabelle Mimouni poursuit son travail sur Polytropiques

dimanche 11 février 2018

séance du 7 février 2018

Compte rendu de l’Atelier d’écriture du mercredi 7 février 2018

Le temps d'observation au Père Lachaise a eu lieu le samedi 3 février, le groupe a choisi de stationner au niveau de l'allée transversale près du Crématorium.

I)              Impressions 

-       Sentiment d'être un intrus (il n'est pas habituel de rester statique et d'observer).
-       Très peu de tristesse sur le visage des passants bien qu'une cérémonie ait lieu à quelques pas. 
-       Tourisme dans le cimetière malgré le froid (langues étrangères ++) 
-       Lieu banalisé (joggeur + passant se comportant comme dans la rue) 

II)            Méthodes : 2 possibilités 

* partir du fond pour trouver la forme 
* L'inverse 

III)          Idées :
Se demander quel est le centre de notre expérience. Il faut partir du principe que pour écrire, on doit avoir quelque chose de particulier à transmettre au lecteur (quelque chose qui nous tient à cœur). Le texte sera fort si l’on part d’un élément vraiment personnel.

ü  Mettre un prologue (idée du chœur des pièces de théâtre de l’Antiquité)

ü  Ecart de perception entre l'idée qu'on se fait du cimetière et le Père Lachaise à statut particulier à interrogation sur ce lieu.

ü  Travail sur les langues étrangères. Elles sont une familiarité dans un endroit étranger (+ surprenant d'en entendre autant). La perception auditive de la polyphonie (des langues et des oiseaux) doit se faire entendre à l'écrit : travail sur plusieurs voix + un texte qui joue sur les sonorités (assonances, allitérations, etc.).  

ü  Concentration sur la vie (dans un cimetière !)  et le mouvement. Fixer une focalisation : sur qui ? Une identité particulière (le joggeur par exemple) ou sur les passants en général (leur pensées, les motifs de leur présence...). Se poser la question de la relation du/des passant(s) au décor.

ü  Mort et vie se confondent dans un même lieu, et encore plus au printemps.
Idée du cycle de la vie qui est représentée de manière physique.

·      Le Père Lachaise est un « jardin-cimetière ».
·      Les chants d'oiseaux sont variés (aussi bien corbeau que chants plus aigus).
·      Les arbres ont des feuilles ou non (plus ou moins résistants).

ü  Dimension publique d'un cimetière (intimité plus difficile à trouver qu'avant, à l'époque où il était autorisé d'enterrer ses morts dans son jardin). Soulève 2 questions :
=> Quelle sensibilité peut-on avoir pour des morts qui ne sont pas les nôtres ?
=> Renforcement du sentiment d’intrusion : a-t-on notre place dans un espace avec des morts qui ne sont pas les nôtres ? 

ü  Axer le travail sur le macabre ou la sacralité.

ü  Lieu de « surgissement de la vie » : négation du caractère sacré du lieu
Sacralisation refusée (Un texte décalé, humoristique ?)
Evocation d’un passant qui avait l’air pressé et qui parlait très fort.

ü  Observation des couleurs et du contraste entre l’environnement du cimetière et la manière dont les passants sont vêtus.
Entrer dans celui qui ne bouge pas : point de vue d'une tombe. Possibilité d’intégrer dialogues des morts dans la tombe qui discutent sur ce qu'ils voient. 

ü  Observation d’une tombe particulièrement jolie qui mène à la réalisation que quelques éléments d’informations (noms, dates) peuvent changer la perception (=> Pouvoir de l’imagination).
Un ouvrage intéressant : Dora Bruder de Patrick Modiano => le peu d’informations fournies sur une femme portée disparue provoque un désir de connaître son identité et de la reconstruire.
Question sur ce qui garde une identité : des dates, un nom. Qu’est-ce qu’un nom ?

ü  L’expérience et sa particularité : on accepte de se dessaisir de notre fonctionnement habituel (rupture). Impression d’être « hors du monde », d’être différent. 

ü  Ancienneté du cimetière (monument historique) : des strates de temporalités importantes. Rapport au temps dans le cimetière avec les dates inscrites sur les tombes (pas comme dans un château fort où il n'y a pas de dates écrites sur les murs). D’autres éléments marquent le temps comme les pavés (rappellent le XIXème s.) et les arbres (+ ou – jeunes). Rapport à l’histoire et particularité du rapport au temps à explorer.

ü  Perception peut être complexe à cause du nombre de visites dans le lieu (visites, guide…) + rapport sentimental (tombe de Balzac + tombe personnelle). Cimetière à soi => travail axé sur les strates de relations au Père Lachaise.

ü  Etonnant : personne n’a eu de proposition du type gothique, fantastique, surnaturel (alors que le lieu est propice à ce genre d’écrits).
Observation d’Azane : sentiment d’avoir été réellement bloquée par quelque chose lorsqu’elle a voulu regarder dans une tombe.

PB : Quel projet pour Marguerite qui était absente lors de la visite ? Tour de table pour avoir les « éléments marquants » du lieu.

IV)          Éléments marquants 

-       La relation au bruit différente (peut-être parce qu’on est attentif ?). 
-       Un sentiment d’intrusion =>Le regard noir lancé par une personne qui était là pour enterrer quelqu’un renforce ce sentiment de pas être à sa place. 
-       Les pavés peuvent poser problème : difficulté à marcher (talons) => amusant.
Beaucoup de voitures. 
-       Une sensibilité aux notes discordantes : une voiture rouge vif, vêtements des passants, les poubelles vertes et énormes (contraste avec l’environnement). 
-       Le moment humain (=le sourire échangé avec l’homme tenant une rose).
-       Le fait de passer de l'autre côté du décor (on devient des choses à observer). 
-       La similitude des duos (= couple de style).
Exemples : Moustaches, de doudoune et bonnet noirs, de talons, style similaire (dreadlocks et bonnets fluo), etc.
-       Sentiment d’immensité, d’infini : grand espace + difficulté à délimiter le mur (à cause de la végétation). Le cimetière est un espace particulièrement clos (gardiens + barrières) mais le carrefour choisi efface les limites. Impression d’infini encore renforcée par le sentiment que l’espace est inépuisable. => Plusieurs modes d’infini.  
-       Possibilité d’un lien avec le vécu (à cause d’un nom par exemple). Les expériences se recoupent (identification possible en écoutant les conversations où la gestuelle par exemple). Une certaine banalité dans les conversations.
-       Les couleurs (rouille, verdure, vêtements en contraste avec le décor) 
-       Les pigeons au sol (paraissent marcher doucement de tombe en tombe comme les humains en deuil).
-       Sentiment d’intrusion quand on regarde à l’intérieur d’une tombe qui pose la question du voyeurisme. 



Information : Concours de la nouvelle, Prix Jacqueline de Romilly
Pour le gagnant : 1000 euros, publication de la nouvelle, visite privée de l’Académie Française, un séjour culturel à Athènes ou à Rome)
But : encourager l’évocation de l’Antiquité (biblique ou gréco/latine) dans les textes
Contraintes : 1200 signes maximum, mise en scène d’un mythe antique, fin à mi-mars.


Pour la semaine prochaine : propositions de projets pour les absents (Cyril, Justine, Anaïs, Mélanie) + travail sur la forme (étant donné que le travail d’aujourd’hui était surtout axé sur le fond).