Site Polytropiques

Isabelle Mimouni poursuit son travail sur Polytropiques

jeudi 8 décembre 2022

Compte rendu de la séance du 23 novembre

 Atelier d’écriture

Jeudi 22 Novembre 2022



Suite de l’atelier précédent: Observation de chaussures 

Devoir: Observer les chaussures des gens dans le métro, détails, contrastes…


Circée:

Habit sophistiqué avec des baskets modernes dont les lacets sont noués de manière détendue. Pins sur les côtés des baskets, surement initialement présents: Contraste qui pique l’attention.


Haniya: 

Femme en ensemble avec des bottes hautes en cuir rouge Karl Lagerfeld (élément fard de la tenue).


Oriane: 

Jeune femme portant des chaussures simples (Stan Smith blanches) usées dont le logo de la marque à l’arrière est réfléchissant (arc-en-ciel). Détail qui réfute la simplicité du modèle de la chaussure.


Capucine: Lors d’un long trajet de train, longue observation. 

Banalité des chaussures: noires et blanches avec de nombreux motifs (rayures, points, différentes coutures): sobre dans les couleurs mais complexité dans la forme. Tâche bleue sur la chaussure gauche a attiré son attention. Puis la jeune femme sortit une trousse de stylos et feutres de couleur (surement une étudiante en géographie. 

Observation de l’activité de la personne observée: métonymie.


Lucie:

Homme de grande taille en costume et cravate portant un sac à dos et des Stan Smith. Attitude stressée: récitait des paroles, surement un cours. De par le contraste avec habit, Lucie remarqua finalement que son costume était finalement trop court pour lui. De plus, ses chaussures et son sac à dos ont trahi l’attitude qu’il essayait d’adopter. 


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Mr Gwyn de A. Baricco :

Dans ce livre, Baricco exprime qu’il n’arrive plus à produire des écrits et change alors de métier pour devenir un portraitiste. Pour cela, il engage un processus particulier d’observation. Parfois, Baricco met en place ce processus de manière très poussée (observer des gens nus dans un espace vide pendant 2 mois) à l’issue duquel il ne donne pas de portrait.  

Suite à l’envie commune d’exister par la peinture, la photo… Barrico interroge l’envie d’exister par le portrait écrit?



Balzac a écrit la Théorie de la démarche, analyse de la démarche des passants.

L’anatomie comparée qui permet de mieux percevoir la démarche des personnes: « Il n’y a pas d’observation sans comparaison. »

Posée par les naturalistes du XIXe siècle.


Autre exercice: Analyse de la démarche de trois personnes de la classe, appuyée grâce au principe de comparaison. 

« Chance d’être face à des observateurs qui ne savent pas réellement regarder. »

Interroger une démarche n’est pas simplement interroger un phénomène physique, uniquement corporel. On peut observer le regard, bruit des pas, la fluidité, le balancement des bras, la perception de son corps, la trajectoire qui indiquent l’identité d’une démarche.


Noémie: 

Silencieuse avant de rentrer dans la salle

Démarche lente, difficile (surement dû la hauteur de ses chaussures à plateforme qui alourdissent la démarche). Bruits de pas sourds sans être particulièrement sonores.

Assez irrégulière dans le balancement des bras: incertitude (surement déstabilisée devant nos regards)


Mme Mimouni: 

Virage du coin de la table avec tout le haut du corps (pas uniquement mouvement des hanches): connaissance de sa capacité de mobilité du corps. 

Bras gauche collé au buste, main droite vers l’arrière.

Absence de bruit, pas calfeutrés (portant pourtant de petits talons): Volonté de ne pas faire de bruit. 

Démarche lente et calme, assurée. Connaissance de l’espace. 


Magalie:

Silencieuse avant de rentrer dans la salle. Pas rapides. Grande mobilité dans les hanches: plus de vitesse dans les virages: Magalie s’est tournée totalement dans le deuxième virage.


- Dans l’observation des yeux et du regard, on découvre aussi l’intention de celui qui marche. L’anticipation par le regard transforme l’espace et donne plus de dynamique à la démarche, de même qu’un manque d’anticipation retire toute dynamique à la démarche. 

◊ Par exemple lorsqu’il pleut, on regarde ses pieds pour éviter les feuilles mortes afin de ne pas tomber. 


- Le bruit des pas est un élément essentiel et révélateur. Il révèle la vitesse de marche, l’entrain, la force du pas mais surtout la dynamique de la démarche. 

◊ Par exemple, en portant des talons, on montre une volonté et une conscience du bruit qu’on provoque. 

Dans une démarche, on observe ce qui est préalable: « On entend des démarches ». Ainsi dans un lieu silencieux, nous pouvons entendre une démarche atypique avant même de percevoir la personne.


- Une démarche fluide introduit l’état de confiance en soi de la personne qui marche dans une environnement donné, variable en fonction de la perception de son propre corps

◊ Par exemple, l’expérience qu’on vit lorsqu’on est enceinte est révélateur de cette variabilité de cette perception. Ainsi, au début de sa grossesse, la femme enceinte se heurte dans tout car elle perd la notion de son corps propre. 

◊ Par exemple, des chaussures à hautes plateformes de Noémie.

◊ Par exemple, les adolescents masculins qui grandissent très rapidement.


- Dans une démarche, les bras jouent le rôle de balanciers.

◊ Par exemple, les marcheurs optimisent leur balancement afin de diminuer la fatigue physique et le déséquilibre.

La position des bras de nos trois exemples (Noémie, Mme Mimouni et Magalie) est contraintes, qui en effet ne sont sans doute pas professionnelles. 


- Marcher nécessite d’utiliser tout l’ensemble du corps et lorsque quelque chose ne parait pas fluide, une contrainte apparait. Néanmoins, une mobilité équilibrée de son corps n’est pas évidente à trouver. 

Ainsi, la longueur des foulées de nos trois exemples (Noémie, Mme Mimouni et Magalie) est encore une fois contrainte, cette fois par le manque d’espace.


- Le choix de la trajectoire révèle la maitrise de l’espace du marcheur. 

Ainsi, la démarche de Madame Mimouni met en avant son appréhension de l’espace (qui est le sien).


Une démarche révèle une identité, de la même manière que les mains sont un lieu d’identité (surement plus que le visage).

De plus, certaines choses oblitèrent la manière de percevoir une personne.

◊ Par exemple, les cheveux de Magalie. 

◊ Par exemple, la femme aux grandes bottes que Haniya a vu dans le métro.


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Pour le prochain atelier de la rentrée in situ

Continuer l’exercice d’observation: distinguer les parties du corps: décomposer l’analyse (« Allez, aujourd’hui c’est les chaussettes »).

Lire Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Perec pour les vacances de Noel.



Les places à l’exposition sont réservées auprès de Gaelle Lemaire : Groupes@musee-jacquemart-andre.com