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Isabelle Mimouni poursuit son travail sur Polytropiques

lundi 18 novembre 2019

Séance 13 novembre 2019

Atelier d’écriture – compte rendu de la séance du 13/11/19
« Nighthawks » - Edward Hopper
Résultat de recherche d'images pour "edward hopper nighthawks"
Brève description :  Le tableau représente un restaurant typiquement américain de restauration rapide, un « diner » dans lequel se trouvent trois personnages attablés à un comptoir et un barman. Une femme et un homme sont de face, côte à côte, on pourrait supposer un couple ou du moins des connaissances. Le troisième personnage est un homme attablé de dos, on ne voit pas son visage. On voit le restaurant depuis la rue et la scène se passe la nuit. Le décor est assez vide tant à l’intérieur ( peu d’objets mis à part deux percolateurs) qu’à l’extérieur (pas de passants, boutique avec un seul objet). Le comptoir du restaurant a une forme triangle. Sur la droite une porte (les toilettes ?). Il n’y a pas de porte, les personnages semblent enfermés. 

Ø  rapport à la ville :
→ Atmosphère de solitude, Hopper peint souvent la ville de New York vidée de ses habitants
→ dimension métaphysique 
→ modernité => Baudelaire, Le Spleen de Paris ; imaginer un spleen de New York ? 

Ø  Utilisation des vitres :
→ très fréquent chez Hopper
→ Créer un effet de transparence ou non. En peinture, une fenêtre ou une vitre offre souvent une ouverture sur le monde extérieur depuis un regard intérieur mais ici non. Vitres noires, opaques des boutiques, invisibilité. Et on a surtout vision d’un intérieur depuis un angle extérieur ( « Les fenêtres » Baudelaire). Les personnages sont  enfermés comme dans un aquarium >> couleur bleuâtre, verdâtre + forme incurvée 
→ thème de la rupture, de la séparation entre deux mondes. >> pas de porte donc pas de passage possible 
→ Monde du rêve (ou du cauchemar)/Monde du réel. Question : quel est le monde du rêve et quel est le monde du réel ? Intérieur ou extérieur ? 
Intérieur : figé, lacunaire, vague, manque des objets, lumière artificielle
Extérieur : nuit, lumière bleutée, sentiment d’incurvation avec le croisement de la rue 
Les deux espaces sont plutôt réalistes mais il y a quelques éléments dérangeants, anormaux qui créent une rupture avec le côté réaliste. 

→ Restaurant fermé => pas de porte ; personnages placés là malgré eux, dans une sorte d’aquarium voire de bocal d’expérimentation.
→ Thème du passage : comment passer d’un monde à l’autre ? 
Choix d’un texte onirique ? surréaliste ?

Ø  Question du point de vue :
→Point de vue extérieur, vision d’un passant, d’un flâneur (Baudelaire). Mais il n’y a rien à voir, espace quasi vide, pas d’action. Souvenir ? Rêve ? Illusion ?


Ø  Inspirations, références du peintre :

ð  inspiré de la nouvelle Les tueurs de Hemingway ; lien avec l’esthétique du roman noir avec ambiance nocturne, inquiétante, utilisation des ombres. 
La nouvelle a été adaptée au cinéma en 1946 sous le nom Les Tueurs, film qui s’est lui-même appuyé sur l’œuvre de Hopper. 
→ Histoire de meurtre, pose la question des personnages >> qui est qui ? Meurtrier/Détective/Victime ?
→ Homme de dos = détective ? Généralement, un homme de dos dans un tableau relaye le regard du peintre et du spectateur mais ici l’homme a une attitude refermée, il ne regarde pas la scène, il n’est pas tourné vers le barman qui semble pourtant lui parler => relai d’un spectateur qui refuserait de regarder. 
→ Rôle de la femme : femme fatale, énigmatique ? Meurtrière ou instigatrice du meurtre ? >> objet mystérieux dans sa main droite.  De plus, femme rousse => dans l’imaginaire américain, la rousseur est associée à la sorcellerie. 
→ Relation entre homme et femme côte à côte ?
→ On peut aussi imaginer un 4ème personnage à l’extérieur du restaurant, invisible, voire à l’extérieur tableau.

ð  Référence au tableau « Café de nuit » de Van Gogh : scène de café très lumineuse, peu de personnages, peu voire pas d’action, billard au centre de l’attention. 
→ Lumière violente dont on connaît la source (contrairement à « Nighthawks ») : ampoules très brillantes et très grosses qui occupent une grande partie du tableau => la lumière se diffuse dans tout le tableau, aveuglement. Lumière artificielle, constante, qui ne permet pas les jeux du clair-obscur élément pourtant central en peinture.
→ pas de fenêtres, lieu fermé => sorte de cage, rappelée par la forme du billard
→ Distorsion de l’espace, dû à l’alcool ?
→ Le regard est naturellement tourné vers le billard, càd un lieu de vie et de convivialité mais ici pas de vie, pas d’action, personnages moroses qui ne jouent pas >> déception du spectateur : tout porte à croire que c’est une scène de vie joyeuse mais finalement le regard tombe sur un vide, rien. 
→ Donne une impression de mal-être, de malaise (ambiance malaisante) gardée par Hopper dans son tableau. 

ð  « Ronde de nuit », Rembrandt
→ pose la question de la représentation de la nuit 
 De Gouve de Nuncques, « La maison aveugle » ; repris par Magritte
→ roman gothique / poésie moderne




Ø  Personnages : 
Aucune interaction : à la fois ensemble mais juxtaposés => solitude moderne, dans la masse de la ville, « ermites de masse »

Ø  Question des objets :
→ encore une fois la question du vide >> très peu d’objets
→ Francis Ponge – Le parti pris des choses => accorder une attention, un regard nouveau aux objets, leur donner une humanité, en faire sortir des vérités. 
→ Mettre objet au centre de la scène ? 
Les deux percolateurs sur le côté
La caisse enregistreuse dans l’obscurité de la boutique d’en face. 
Et surtout l’objet mystérieux dans la main de la femme. 


Ø  Contexte ? Peint en 1942 => Pearl Harbor ; inscription/désinscription dans un contexte historique ? 

Ø  Titre : « Nighthawks » = « Oiseaux de Nuits » « Faucons de nuit » 
→ Nom choisi par sa femme à cause de la forme du nez de la femme rousse, dont elle a d’ailleurs été le modèle. 
→ Journal intime du peintre/de la femme du peintre ?
→ Correspondance épistolaire entre les deux ?

Ø  Format du tableau => format du cinémascope ( + large qua haut, sorte d’anamorphose)
→ rédaction d’un synpopsis/dialogue/bande-son
→ on peut imaginer une mise en abîme cinématographique en pensant le tableau comme un décor de cinéma => on entendrait les caméramans, les producteurs, etc… les sons du tournage. 

ð  Tableau énormément repris : films, pop-culture (Les Simpsons)

Résumé des pistes :
Ø  Narration : dialogue/ pensées des personnages, des objets, du peintre, du spectateur/ histoire d’un meurtre/ récit a postériori du meurtre par un témoin/ narrateur intérieur, extérieur
-        Nouvelle dont le début ou la fin serait la scène représentée
-        Aller de café en café à travers les lieux et les époques
Ø  Poésie : thèmes de la ville et de la nuit. 
Ø  Cinéma
Ø  Essai : autorise la subjectivité ; essai sur le N&B, la couleur, les lumières, la ville, la nuit, etc. dans la peinture. 
Ø  Nouvelle plutôt fantastique/onirique ; possibilités + ludiques
-        Introduire personnage insolite (faire venir le jour ?) => casser l’illusion réaliste, faire un décalage en faisant intervenir l’absurde au milieu de cette scène apparemment réaliste. 



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