Site Polytropiques

Isabelle Mimouni poursuit son travail sur Polytropiques

vendredi 22 mai 2015

Bilan 

Le bilan de l’atelier est mitigé. In fine, peu d’élèves ont développé le profil Facebook de leur personnage.
Les raisons sont de plusieurs ordres.
-       * raisons pratiques :
activité chronophage
rythme de l’atelier insuffisant pour la stimulation
-       .* raisons liées aux personnages :
Le profil de certains personnages s’adapte bien à la logique de Facebook, personnages bavards, démonstratifs, voire exubérants. A l’inverse, certains personnages volontiers secrets, ou menant partiellement une vie secrète s’accommodent mal d’un profil Facebook, ou tout au moins on ne voit qu’une infime part de ce qui les construit et finalement cela apparaît moins intéressant que lorsque Balzac révèle leur intimité, on ne doit pas oublier que si la Comédie humaine présente des scènes mondaines, publiques, elle met aussi l’accent sur « les scènes de la vie privée ».
-       * raisons liées à Facebook
     Le cadre s’est avéré très contraignant : rubriques prédéfinies de façon stéréotypée, propositions « spontanées » de lectures, films… polluant le profil.
L’usage de Facebook renvoie à une construction de soi souvent superficielle et relevant de la « vitrine ».

L’établissement des liens entre « amis » s’est avéré difficile, pas seulement en raison de la constitution du groupe d’amis après construction des profils. Il s’avère extrêmement difficile de gérer les chronologies et de les harmoniser sans une véritable régie. Le travail fait par Balzac a posteriori pour lisser les éventuels anachronismes est ici impossible. (on a d’ailleurs été obligé de décaler toutes les dates puisque de manière évidente, un personnage ne pouvait avoir créé son profil en 1799…)

-       * raisons propres au projet :
La question de l’actualisation a plus ou moins bien fonctionné. Il a pu s’avérer intéressant de réfléchir sur les activités qu’aurait aujourd’hui une Mme de Bargeton ou un Père Goriot, mais on aboutit parfois à des apories (par exemple la chimie au temps de Balthazar Claës ne peut se concevoir aujourd’hui, le travail en solitaire apparaît comme une aberration).
-       Il s’est avéré parfois difficile de préserver la tonalité liée au personnage et les rédacteurs ont parfois eu tendance à trop « tirer » le personnage vers le parodique.
-       Tension parfois irréductible entre 3 manières d’écrire : celle de Balzac, celle correspondant à l’idiolecte du personnage, celle du rédacteur.
-       Le plaisir du lecteur lié à l’ironie de Balzac contre certains de ses personnages s’est avéré difficile à préserver.
-       La lisibilité pour les autres a pu poser problème : on ne peut ainsi avoir accès aux conversations instantanées.



Inversement néanmoins, le projet a permis de mener une réflexion sur la relecture en fonction d’un personnage, cela a poussé à repérer des détails significatifs susceptibles d’être mis en valeur sur le profil. De même l’appropriation du personnage a forcé certains à se décentrer totalement, à penser par le prisme d’autrui plus encore que dans le cas d’une lecture avec identification. Certains même en sont venus à confondre ce qu’ils avaient lu et ce qu’ils avaient imaginé pour leur personnage.
Les moments de présentation durant lesquels les rédacteurs ont éclairé leur choix et les débats que les problèmes rencontrés ont suscité ont levé des problématiques intéressantes tant pour l’analyse de la Comédie humaine que pour le fonctionnement de Facebook.

La finalité de l’atelier n’a pas été assez clairement définie :
Pourquoi « atelier d’écriture numérique » ?
Quelle forme pour quel fond ?
La justification pédagogique a été perdue de vue par les élèves :
-       alternative aux pratiques de lecture des textes académique
-       réflexion sur la relecture et la récriture

-       travail en projet réunissant des acteurs interdépendants

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