Bilan
Le bilan de l’atelier est mitigé. In fine, peu d’élèves ont développé le profil Facebook de leur
personnage.
Les raisons sont de plusieurs ordres.
- * raisons
pratiques :
activité chronophage
rythme de l’atelier insuffisant pour la
stimulation
- .* raisons
liées aux personnages :
Le profil de certains personnages s’adapte
bien à la logique de Facebook, personnages bavards, démonstratifs, voire exubérants.
A l’inverse, certains personnages volontiers secrets, ou menant partiellement
une vie secrète s’accommodent mal d’un profil Facebook, ou tout au moins on ne
voit qu’une infime part de ce qui les construit et finalement cela apparaît
moins intéressant que lorsque Balzac révèle leur intimité, on ne doit pas
oublier que si la Comédie humaine
présente des scènes mondaines, publiques, elle met aussi l’accent sur
« les scènes de la vie privée ».
- * raisons
liées à Facebook
Le cadre s’est avéré très contraignant :
rubriques prédéfinies de façon stéréotypée, propositions « spontanées »
de lectures, films… polluant le profil.
L’usage de Facebook renvoie à une
construction de soi souvent superficielle et relevant de la
« vitrine ».
L’établissement des liens entre
« amis » s’est avéré difficile, pas seulement en raison de la
constitution du groupe d’amis après construction des profils. Il s’avère
extrêmement difficile de gérer les chronologies et de les harmoniser sans une
véritable régie. Le travail fait par Balzac a
posteriori pour lisser les éventuels anachronismes est ici impossible. (on
a d’ailleurs été obligé de décaler toutes les dates puisque de manière
évidente, un personnage ne pouvait avoir créé son profil en 1799…)
- * raisons
propres au projet :
La question de l’actualisation a plus ou
moins bien fonctionné. Il a pu s’avérer intéressant de réfléchir sur les
activités qu’aurait aujourd’hui une Mme de Bargeton ou un Père Goriot, mais on
aboutit parfois à des apories (par exemple la chimie au temps de Balthazar
Claës ne peut se concevoir aujourd’hui, le travail en solitaire apparaît comme
une aberration).
- Il
s’est avéré parfois difficile de préserver la tonalité liée au personnage et
les rédacteurs ont parfois eu tendance à trop « tirer » le personnage
vers le parodique.
- Tension
parfois irréductible entre 3 manières d’écrire : celle de Balzac, celle
correspondant à l’idiolecte du personnage, celle du rédacteur.
- Le
plaisir du lecteur lié à l’ironie de Balzac contre certains de ses personnages
s’est avéré difficile à préserver.
- La
lisibilité pour les autres a pu poser problème : on ne peut ainsi avoir
accès aux conversations instantanées.
Inversement néanmoins, le projet a permis
de mener une réflexion sur la relecture en fonction d’un personnage, cela a
poussé à repérer des détails significatifs susceptibles d’être mis en valeur
sur le profil. De même l’appropriation du personnage a forcé certains à se
décentrer totalement, à penser par le prisme d’autrui plus encore que dans le
cas d’une lecture avec identification. Certains même en sont venus à confondre
ce qu’ils avaient lu et ce qu’ils avaient imaginé pour leur personnage.
Les moments de présentation durant lesquels
les rédacteurs ont éclairé leur choix et les débats que les problèmes
rencontrés ont suscité ont levé des problématiques intéressantes tant pour
l’analyse de la Comédie humaine que
pour le fonctionnement de Facebook.
La finalité de l’atelier n’a pas été assez
clairement définie :
Pourquoi « atelier d’écriture
numérique » ?
Quelle forme pour quel fond ?
La justification pédagogique a été perdue
de vue par les élèves :
- alternative
aux pratiques de lecture des textes académique
- réflexion
sur la relecture et la récriture
- travail
en projet réunissant des acteurs interdépendants
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